23.

 

Winter attendait dans son bureau, éclairé par la lueur grise de l’aube, reflet de son propre état d’âme. C’était un sentiment étrange car il se mêlait à l’excitation qu’il éprouvait à l’idée de ce qui allait se dérouler maintenant. Il se passait quelque chose et il était lui-même dans une expectative glacée et… indigne, à sa façon, comme s’il traversait un paysage dévasté n’inspirant que le désespoir et qu’il ressentît pourtant quelque chose ressemblant à de l’espoir.

Un parfum de chaleur récemment éveillée venait de l’extérieur. Les oiseaux recommençaient à chanter. De l’autre côté de la rivière, une voiture de la voirie était en train de balayer la rue. Il entendait le bruit de ses grosses brosses rotatives depuis l’endroit où il se trouvait.

La porte de son bureau était ouverte. Un homme de vingt-cinq ans entra en compagnie d’un agent de la scientifique qui salua et repartit.

On aurait dit que le visage d’Andy s’était effondré sur lui-même et c’était véritablement le cas.

Winter lui fit signe de s’asseoir.

— Je préfère rester debout. Qu’est-ce qui… s’est passé ?

Winter l’informa du mieux qu’il put, non sans lui avoir demandé son nom.

— Andy.

— Nom de famille ?

— Grebbe. Andy Grebbe.

Il s’assit. Il portait un T-shirt déchiré à l’aisselle gauche. Ses cheveux étaient coupés court et avaient pourtant l’air de ne pas être peignés. Il avait un cerne noir sous l’œil gauche mais pas sous le droit. Winter sentit une odeur d’alcool de la veille, de l’autre côté du bureau. Andy était dégrisé, mais il était très fatigué et tendu.

— Quand avez-vous parlé à Anne pour la dernière fois ?

— Ce soir… je veux dire : hier. Hier soir.

— Quand ?

— Quoi ? Je viens de…

— À quelle heure ?

— Quelle heure ?… Vers huit heures, je crois. À peu près.

— Où ?

— Où ? Nulle part en particulier. Au téléphone. Je l’ai appelée de chez moi.

— Elle a répondu ?

— Bien sûr. Puisque je vous ai dit que je lui ai parlé.

Winter hocha la tête.

— Et puis je l’ai appelée cette nuit, mais elle n’était pas chez elle.

Winter hocha de nouveau la tête.

— J’ai laissé un message sur son répondeur. Il y est sûrement encore, dit Andy en regardant Winter d’un œil à la fois blanc, rouge et noir, las et peut-être traqué. Si vous l’écoutez, vous pourrez vérifier.

— C’est déjà fait.

Winter s’efforça de capter le regard d’Andy. Allait-il s’effondrer ? Était-ce maintenant qu’il allait se passer quelque chose ?

— Ah bon, alors vous savez.

— Oui. Quand avez-vous appelé ?

— Eh bien… après deux heures. Deux heures et demie peut-être.

— D’où ça ?

— D’un endroit situé dans le quartier de Vasastan.

Il cita le nom du bar, que Winter connaissait.

— Pourquoi lui avez-vous téléphoné ?

— C’est un interrogatoire ?

— Non, je vous pose simplement quelques questions.

— Est-ce que j’ai besoin d’un avocat ?

— Vous pensez que oui ?

— Non.

— Pourquoi avez-vous téléphoné ?

— Eh bien… on devait se voir mais je ne pouvais pas, à ce moment-là ; ensuite elle n’est pas venue au bar et je lui ai dit qu’elle pouvait m’appeler quand elle serait rentrée chez elle.

— Où deviez-vous vous rencontrer ?

— Au bar.

— Je veux dire : la première fois.

— Dans un café.

Andy en fournit le nom à Winter sans que celui-ci ait besoin de le lui demander.

— Vous n’y êtes pas allé ?

— Si, mais trop tard. Elle n’était plus là.

— Elle était donc venue ?

Andy ne répliqua pas.

— Était-elle venue ? répéta Winter.

— Je ne sais pas. J’ai regardé à l’intérieur, mais elle n’était pas là et je ne connaissais personne à qui je pouvais poser la question.

— Qu’est-ce que vous avez fait, alors ?

— Je suis allé faire un tour en ville et ensuite je me suis rendu au bar.

— Elle ne s’est pas manifestée de la soirée ?

— Non.

— Où était-elle ?

Andy ne répondit pas. Il but l’eau que Winter était allé chercher pour lui. Ses pensées paraissaient soudain être ailleurs, dans un autre paysage.

— Où était Anne hier soir ? interrogea Winter à nouveau.

— Je ne sais pas, murmura Andy en regardant quelque chose près de Winter.

Dans le bureau, la grisaille se confondait à présent avec la lumière plus vive du matin et Winter se dit qu’un tel éclairage ne pouvait que créer la confusion. La lumière ne savait pas vraiment où se diriger, lorsqu’un tel choc se produisait au centre de la pièce, et tombait maintenant sur le visage d’Andy. Winter se demanda pourquoi il mentait.

Halders se demandait pourquoi elle mentait. Ils étaient assis dans le jardin. Son père, lui, était sur la terrasse. Son ombre pèse sur elle, pensa Halders. Il est à trente mètres de là, mais son ombre pèse sur elle malgré tout. Elle donne l’impression d’avoir froid, alors qu’il fait trente degrés.

— Vous ne voulez pas qu’on arrête ce salaud ? insista Halders.

— Bien sûr que si, rétorqua Jeanette.

— Ça ne semble pas tellement vous intéresser.

— Je vous ai dit tout ce que je sais. Tout ce que j’ai… vécu. Et comment je l’ai vécu.

— Que pensez-vous de ces meurtres ?

L’expression du visage de Jeanette ne changea pas. On aurait dit qu’elle n’avait pas entendu la question.

— Je n’en sais pas plus que les autres, déclara-t-elle, avant que Halders n’ait eu le temps de la répéter.

— Vous ne connaissiez pas cette jeune fille, Anne Nöjd ?

Jeanette Bielke secoua la tête.

— Vous ne l’avez jamais vue ? demanda Halders en lui montant une photo qu’ils avaient trouvée au domicile de la victime.

— Je ne sais pas.

— Et la maison ?

Elle haussa de nouveau les épaules.

— Ce n’est pas très loin d’ici.

— Toutes ces petites maisons se ressemblent un peu.

Halders acquiesça.

— C’est un vrai fouillis.

Kurt Bielke était descendu de la terrasse et les avait rejoints sous cet érable qui formait une sorte de voûte de verdure, au-dessus d’eux.

— Je crois que Jeanette a besoin qu’on la laisse tranquille, dit-il.

Halders ne répondit pas. Kurt Bielke regarda sa fille.

— Tu peux remonter dans ta chambre, dit-il.

Elle commença à se lever sans regarder son père. Halders eut l’impression qu’elle effectuait ce mouvement au ralenti.

— Je n’ai pas fini, dit-il. J’ai encore des questions à lui poser.

— Vous n’avez jamais fini.

Jeanette regarda Halders. Il hocha la tête dans sa direction et se leva.

— Eh bien, au revoir, Jeanette, dit-il en lui tendant la main.

La sienne était glaciale. Elle s’éloigna.

— Comment va-t-elle ? demanda Halders en se tournant vers Bielke.

— Qu’est-ce que vous croyez ?

— Que va-t-elle faire à l’automne ? Entrer à l’université ?

— On verra.

— Et les affaires, ça marche ?

Bielke, qui était sur le point de s’éloigner, s’arrêta dans son mouvement et se tourna vers Halders.

— Je ne comprends pas.

— Les affaires ? Vous avez des intérêts dans certains établissements de la ville, je crois.

— Ah bon ?

— Ce n’est pas un secret, n’est-ce pas ?

— Ah non ?

— C’en est un, alors ?

— Il y a des questions auxquelles on ne peut pas répondre par oui ou par non, répliqua Bielke. Par exemple : avez-vous cessé de battre votre femme ? Ou bien celle que vous venez de poser, monsieur l’agent.

— Vous avez déjà battu votre femme ?

Bielke approcha d’un pas.

— Ou votre fille ?

— Mais enfin, bon D… !

Halders recula d’un pas et se retourna. Il en avait trop dit. J’ai peut-être eu tort, mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Je suppose que c’est ce que je voulais faire depuis le début sans le savoir.

— Au revoir, jeta-t-il par-dessus son épaule.

— Je vais en parler à ton patron, cria Bielke, en se lançant sur ses talons.

Halders monta dans sa voiture, garée à l’ombre du chêne, de l’autre côté de la clôture. Bielke l’observait à distance respectueuse.

— Il s’appelle Winter, Erik Winter, lança-t-il avant de fermer la portière.

Halders partit vers le sud. La chaussée était couverte de taches ressemblant à des flaques d’eau qui étaient en réalité des mirages. C’était l’effet du soleil. Il ferma les yeux, derrière le pare-soleil, lorsque celui-ci se mit à attaquer la voiture.

Les maisons de Frölunda vibraient sous la chaleur. Il se gara sur le grand parking à moitié terminé. On procédait encore à des travaux de terrassement à une extrémité, alors que les machines à asphalter étaient déjà à l’œuvre à l’autre. Halders sentit cette odeur forte, encore accentuée par la chaleur de l’air. Les ouvriers, en short et grosses chaussures, portaient des gants. C’est l’aspect que doivent avoir des ouvriers, se dit Halders. Il faut que les ouvriers aient la peau noire et les gens chic la peau blanche. Comme Kurt Bielke.

Il y avait foule, au marché. Certains étaient déjà rentrés de vacances, mais pas tout le monde, pensa-t-il en achetant des poires à un vieil homme venu du Syristan ou d’un pays comme ça.

Parmi les vendeurs, ils n’étaient pas tellement nombreux à pouvoir partir pour leur résidence secondaire ou pour l’étranger. Le Syristan ou quoi que ce soit. Ce vieil homme à la peau ridée avait sûrement beaucoup plus bourlingué à travers le monde que la plupart de ces pauvres Suédois moyens qui étaient là, penchés en avant, le regard hébété, avec leur gros derrière et leurs vêtements bon marché. Merde alors, se dit-il. Qu’est-ce que ça signifie ? Il est kaputt, ce pays.

Mattias l’attendait devant l’escalier de la salle de sport. De l’autre côté, on voyait tituber les habituels ivrognes du secteur. Une femme était assise la tête entre les mains. Deux hommes essayaient vainement de se battre. Un autre, à vrai dire plutôt un adolescent, buvait au goulot d’une bouteille d’eau-de-vie qu’un de ses copains tentait de lui arracher. En passant devant eux, Halders sentit une odeur d’urine et d’ivrognerie. Au moins, ils sont au chaud, par un temps pareil, se dit-il.

— Ça fait longtemps que tu attends ? demanda-t-il à Mattias.

— Bah.

— On y va ?

— Pourquoi pas ici ?

— Ça pue, dit Halders en commençant à monter l’escalier. La puanteur des cloaques de la société.

Mattias se décida à le suivre et monta à côté de lui.

— Pourquoi ne pas tous les fusiller ? demanda-t-il en regardant Halders.

Mattias était grand, beaucoup plus que Halders, et d’une corpulence impressionnante.

— On n’a pas assez de militaires pour ça.

— On peut toujours commencer. Mais qui opérera la sélection ?

— Moi, dit Halders en s’asseyant dans le café qui se trouvait devant le grand bâtiment rouge.

— Personne ne se baigne à l’intérieur, par une journée pareille, fit observer Mattias.

— C’est pourtant délicieux, un sauna, quand il fait chaud.

— Ah bon.

— C’est vrai. J’ai bossé au Moyen-Orient, pour les Nations unies pendant un certain temps et, à Nicosie, par exemple, on prenait un sauna par quarante-cinq degrés à l’ombre. Après, on avait une délicieuse impression de fraîcheur.

— Si vous le dites…

— Et toi, qu’est-ce que tu en dis, Mattias ?

— De quoi ?

— De Jeanette.

— Je vous l’ai déjà dit quand vous m’avez appelé. J’ai rien à ajouter, je suis sec, merde.

— Je lui ai parlé, aujourd’hui.

— Mmm.

— Y a pas longtemps. À lui aussi.

— Son vieux ?

— Oui.

Mattias leva les yeux vers un ciel immobile car sans nuage. Une jeune fille vint vers eux pour prendre leur commande. Halders demanda un café et Mattias une glace. Puis elle partit.

— Tu as raison, dit Halders.

— Quoi ?

— À propos de Kurt Bielke.

— Raison ? À quel sujet ? J’ai jamais rien dit.

— Il a quelque chose de louche. Tu saisis ?

Le jeune homme garda le silence. On leur apporta leur commande. La glace avait déjà commencé à fondre. Mattias la regarda mais n’y toucha pas.

— Y a qu’à l’inclure, dit-il.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Quand vous désignerez ceux qu’il faut fusiller.

Le problème de la police, en matière d’enquêtes criminelles, c’est les vacances.

Winter dépouillait sa bible, maintenant sous forme de coupures de presse.

— Le porte-à-porte n’a pas donné grand-chose, parce que la plupart des gens ne sont pas chez eux, en ce moment, dit le commissaire Sture Birgersson.

Aujourd’hui, la police continue son enquête, voire même à rechercher des témoignages.

On dit : voire, tout court, pensa Winter. Les gens négligent vraiment la correction la plus élémentaire, en matière de langue. Et encore, cela datait de cinq ans.

Cinq ans, pensa-t-il, cela fait un bail. Et aujourd’hui, cinq ans après, la police continue à s’interroger à propos des témoins, même ceux qui ne se sont pas manifestés.

Le téléphone sonna. C’était sa mère, pour la première fois depuis longtemps. La ligne n’était pas très bonne, depuis la Costa del sol.

— Il paraît qu’il fait toujours plus chaud en Scandinavie qu’en Espagne, dit-elle.

— Magnifique.

— Si ça dure, tu ne vas pas tarder à trouver ça insupportable. Je suis bien placée pour savoir.

— C’est pour ça que tu restes là-bas ?

— Je viendrai au mois d’août, tu le sais bien. Parce qu’il fait une chaleur vraiment intolérable, ici, à cette époque-là.

— Tu es la bienvenue.

— Est-ce que vous avez réfléchi, à propos de cette maison, Erik ?

— Non.

— Pourtant Angela a dit…

— Quoi donc ?

Il fut surpris de la vivacité du ton qu’il avait employé.

— Qu’est-ce qu’il y a, Erik ?

— Qu’est-ce que tu veux dire ? Qu’est-ce qu’a dit Angela ?

— Simplement que vous viendriez peut-être voir un peu, à l’automne. Peut-être.

— Ah bon ?

— Qu’est-ce qu’il y a, Erik ?

— Rien. Il fait chaud, c’est tout, et je suis débordé de travail.

— Je sais.

— Ah bon.

Il y eut à nouveau de la friture sur la ligne, écho des ces centaines de milliers de voix qui se croisaient à travers l’Europe.

— Erik ?

— Je suis là.

— Ça va toujours bien, entre vous ? Angela et toi ?

Je voudrais que cela ne finisse jamais
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